Cette fois-ci dans Partie Rapide, BatVador parle du beau, mais oubliable Jennifer Wilde: Unlikely Revolutionaries et Zali se penche sur le remaster du jeu d'infiltration oublié Kamiwaza: Way of the Thief.
Jennifer Wilde: Unlikely Revolutionaries
Basé sur un comics édité par Atomic Diner, Jennifer Wilde: Unlikely Revolutionaries est un point and click édité par le studio irlandais Outsider Games qui bénéficie d’une belle esthétique et de quelques bonnes idées, mais reste assez bavard et un peu vain.
Mort ou vivant, pourquoi choisir ?
Dans les années 1920 à Paris, Jennifer Chevalier est une jeune artiste française qui vit la belle vie d’artiste bohème (mais pas désargentée), jusqu’à ce que son père trouve la mort dans un tragique accident impliquant un fiacre. Persuadée qu’il ne s’agit pas d’un accident, Jennifer se lance dans une enquête qui l’emmène en Angleterre, puis en Irlande. Un médaillon, trouvé dans les affaires de son père, va lui permettre d'invoquer le fantôme de rien de moins qu’Oscar Wilde (que le père de Jennifer aurait rencontré dans sa jeunesse) qui va l’aider dans sa quête. Car oui, Jennifer est plus ou moins médium, mais elle sait rester humble à ce sujet. S’ensuit donc une aventure menée par un gameplay de point and click et de combinaison d'éléments, avec un twist : à tout moment, il est possible de changer de personnage et de diriger Oscar Wilde. Une histoire somme toute assez classique, même si elle possède un élément surnaturel (pas entièrement inédit dans le genre ceci dit), qui a tout de même le mérite de vouloir introduire des éléments de contexte historique. On ne va pas y aller par quatre chemins, c’est très beau. L’esthétique comics/BD en noir et blanc visiblement très fidèle au comics d’origine (que je n’ai pas lu) est impeccable, les décors et personnages sont soignés et on aimerait à la rigueur en voir plus. Dommage que ça ne soit pas le cas de Jennifer, qui est affublée de déplacements un peu raides et change de couleur de cheveux et de tête selon les plans. Mais sur ce point, c’est le seul bémol et il est mineur.
Jennifer in Paris
Jennifer Wilde: Unlikely Revolutionaries n’est pas un mauvais jeu, mais c’est un jeu qui s’oubliera probablement assez vite. Les puzzles sont assez linéaires, impossible donc de se tromper d’interprétation, la suite du jeu ne se débloque que lorsqu’on a la bonne solution. Outre un puzzle que j’ai résolu par hasard, tout se fait assez simplement. Il ne faut pas plus de trois heures pour terminer le jeu en ayant lu tous les dialogues. Les dialogues sont d'ailleurs mon principal point de contentieux avec le titre pour deux raisons. D’abord, il y en a beaucoup et ils ne se démarquent pas tellement par leur écriture. Oscar Wilde pourrait être beaucoup plus impertinent, agaçant ou amusant, mais outre quelques fulgurances, il est assez insipide. Ensuite, tous les personnages du jeu s’expriment en anglais, ce qui n’est pas en soi un problème (mais il faudra tout de même des notions assez solides pour tout comprendre), mais les dialogues de Jennifer sont parsemés de mots français parfois mal utilisés qui lui donnent plus l’air d’une étudiante américaine qui a passé un semestre en France et se sent « SO Parisienne » que d’une artiste française. J’avoue qu’au bout d’une demi-heure, j’avais pris Jennifer en grippe pour cette raison. La résolution des puzzles se fait à l'aide d’images collectées au fil de l’aventure pour former des petits strips en quatre cases et reconstituer les événements. Si l’idée n’est pas mauvaise, concrètement, il s’agit simplement d’organiser des vignettes dans le bon ordre pour débloquer la suite. En fait, la simplicité du gameplay et des puzzles m’a surtout donné envie de lire le comics, parce que même si Jennifer Wilde: Unlikely Revolutionaries n’est pas désagréable à jouer et divertit correctement le temps qu’il dure, je ne suis pas certaine que le gameplay rajoute quoi que ce soit à l’histoire.
Jennifer Wilde: Unlikely Revolutionaries a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur.
Jennifer Wilde: Unlikely Revolutionaries est un jeu à l’esthétique soignée qui rappelle le comics dont il est inspiré, mais il ne marque hélas pas vraiment ni par son gameplay, ni par ses dialogues, ni par son histoire. Il n’a pas vraiment de gros défauts et se tient de bout en bout, mais il est fort probable qu’il soit vite oublié quelques jours après avoir été terminé.
Kamiwaza: Way of the Thief
Titre complètement oublié de 2006 (et inédit en dehors du Japon), Kamiwaza: Way of the Thief bénéficie cette année d'un remaster inattendu sur PC et consoles. Un jeu d'infiltration au déroulé non linéaire, conceptuellement assez ambitieux, mais qui a un peu trop vieilli pour séduire au-delà d'une niche de curieux.
Complètement fauché
Kamiwaza: Way of the Thief vous fait incarner Ebizo, un ancien voleur essayant de mener une vie honnête avec sa fille adoptive dans un village reculé du Japon médiéval. Après que cette dernière est tombée malade, le chapardeur au grand cœur va devoir replonger dans la cambriole en se mettant au service d'une petite mafia locale. Au début, il s'agira de se procurer assez d'argent pour acheter des médicaments pour la pauvre enfant. Mais on ne replonge pas dans les milieux interlopes sans conséquences.
Après quelques petites missions servant de tutoriel, Kamiwaza: Way of the Thief vous laisse relativement libre de vos mouvements dans ce qui s'apparente à un mini-mini open world. Le temps s'écoule selon un cycle jour-nuit qui vous force à organiser votre planning, entre vous occuper de votre fille, accomplir des missions, chaparder des trucs pour obtenir des trésors ou faire avancer le scénario. Un peu déroutante au début, cette structure plutôt ouverte devient rapidement un point fort du jeu. Elle vous pousse en effet au bout de quelques heures à faire des choix assez radicaux, vous emmenant dans un des embranchements scénaristiques du jeu, reflet de vos "choix moraux".
Un Ebizo discret et ne s'acquittant que de missions relativement innocentes aura en effet un tout autre destin qu'un Ebizo balourd, reconnu par la population locale comme un voleur et négligeant sa famille. La petite dizaine d'heures que dure le jeu se voit ainsi enrichie par cette présence d'embranchements scénaristiques assez nettes. Mais est-ce que vous aurez le courage de vous enfiler la trame de Kamiwaza: Way of the Thief deux fois ? Il faut dire que le bidule a sacrément vieilli.
Un remaster a minima
Est-ce que ce jeu est fait pour vous ? Une partie de la réponse se trouve dans votre capacité à apprécier un jeu fauché de la PS2 avec quasiment aucune marque du confort moderne. Si Kamiwaza: Way of the Thief a bien bénéficié d'un petit lissage graphique, tout le reste baigne dans son jus. Les commandes, par exemple, très nombreuses à mesure qu'on débloque des mouvements dans la boutique du jeu, sont assez raides et peu instinctives.
De même, l'intelligence artificielle des ennemis accuse franchement son âge : parfois, ils voient à travers les murs. Parfois, vous pouvez passer devant eux avec un énorme baluchon rempli de trucs volés sans les voir broncher. Pour peu que vous compreniez dans quelles situations vous pouvez contourner les limitations de cette IA antique, le jeu devient presque ennuyeux puisque vous avez vite l'impression d'être opposé à des Playmobils décérébrés.
Ajoutons à cela des pelletés de bugs de collision qui n'ont tout simplement pas été corrigés depuis la version PlayStation 2 et qui causent régulièrement la disparition d'objets que vous êtes supposés chaparder… Et vous obtenez un exercice certes intéressant au regard de l'Histoire vidéoludique, mais qui ne plaira qu'aux nostalgiques de cette génération de machines et aux maniaques complétionistes de jeux d'infiltration. Kamiwaza: Way of the Thief aurait vraiment mérité un portage plus soigné, hélas.
Kamiwaza: Way of the Thief a été testé sur PlayStation 5 via une clé fournie par l'éditeur. Le jeu est également disponible sur PlayStation 4, PC et Nintendo Switch.
La ressortie de jeux oubliés ou inédits en Occident est toujours une bonne chose. Particulièrement dans le cas de propositions aussi atypiques que Kamiwaza: Way of the Thief, un jeu d'infiltration assez en avance sur son temps. Mais on aurait aussi aimé un peu plus de travail et d'accompagnement sur ce remaster, qui, en l'état, reste davantage une curiosité qu'un bon moment à passer.
BatVador
Traductrice ascendante topiaire qui aime les city builders, les dystopies et les jeux avec des gens déprimés dedans.
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