Cette fois-ci dans Partie Rapide, Zali découvre la vie de postier-canard dans Ducky's Delivery Service et part à l'aventure dans l'accès anticipé d'Alterium Shift.
Ducky's Delivery Service
On doit Ducky's Delivery Service à une certaine C.T Matthews. Ce n'est pas tout à fait une inconnue, puisqu'elle est déjà l'autrice d'un certain Chessplosion que Murray avait beaucoup aimé il y a déjà presque deux ans. C'est dans le même style graphique plein de volatiles mignons que l'on se replonge avec ce nouveau titre tout aussi simple, mais au concept très différent. Il n'est plus ici question de tordre les règles des échecs pour tout casser, mais de livrer des colis en temps et en heure dans des niveaux pleins d'obstacles.
Entre Paper Boy, Asteroid et Crazy Taxi
Ducky's Delivery Service fait partie de ces jeux dont on comprend l'intégralité des tenants et des aboutissants en moins d'une minute. Une expérience très orientée arcade, avec des consignes simples et immédiates. En gros : vous êtes un oiseau avec une casquette à hélice, et on vous demande de livrer des colis le plus vite possible dans des environnements remplis d'obstacles.
Chaque niveau se structure un peu de la même manière : tout d'abord vous « visitez » votre nouvel environnement en l'explorant librement et en déposant des prospectus dans les boîtes aux lettres, façon Paper Boy. Puis, vous vous lancez dans une course effrénée contre le chronomètre. Vous récupérez d'abord un colis, vous devez le déposer (si possible sans l'avoir cogné partout) dans une boîte aux lettres, ce qui vous redonne un peu de temps. Votre objectif est de tenir le plus longtemps, tout en encourageant la prise de risque : si vous livrez des colis très loin et si vous les jetez de très haut au-dessus des maisons (et qu'ils ne s'écrasent pas lamentablement), vous marquez beaucoup de points. Au contraire, si vous vous contentez de les déposer à pied, vous n'en marquez presque pas.
À la fin de chaque niveau, vous recevez un certain nombre d'étoiles correspondant à votre score, et au bout d'un certain nombre d'étoiles, vous débloquez le biome suivant, avec davantage de périls à affronter. De la lave, des fantômes, des oiseaux, autant d'empêcheurs de livrer en rond. Chaque environnement se termine par une ultime épreuve en forme de grand parcours d'obstacle, et ainsi de suite jusqu'à arriver à être reconnu comme le meilleur canard-poulet-facteur du canton.
Ducky's Delivery Service est un tout petit jeu. Ce n'est pas un défaut, bien au contraire : il se tient parfaitement à sa proposition de vous faire voler entre des maisons pour y balancer des colis. Mais c'est aussi, évidemment, sa limite. On en fait assez vite le tour, et il y a fort à parier que cette petite expérience intéressera avant tout les amateurs de scoring, de courses contre-la-montre et de platformers masos. À ce titre, les derniers niveaux du jeu sont volontairement et profondément injustes et vous feront rager en boucle. Par chance, comme C.T. Matthews vous aime et ne veut que votre bonheur, il est possible de changer la difficulté et de remplacer le chronomètre par un système vous poussant à livrer les colis en bon état sans vous soucier du timing. C'est gentil.
Ducky's Delivery Service a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur.
Ducky's Delivery Service est une expérience très courte, mais qui ne manque ni d'idées ni de challenge. Un de ces jeux qui nous rappelle que la simplicité est souvent la meilleure amie du game design. Une excellente surprise dont la promo, un peu noyée dans le torrent des jeux estampillés Wholesome Games au dernier Summer Game Fest, ne laissait pas forcément présager quelque chose d'aussi chouette. Si c'est votre style, c'est à ne pas louper le temps d'une ou deux soirées à livrer des gâteaux à des poules !
Alterium Shift
La concurrence pour devenir le meilleur « simili JRPG rétro en pixel art exactement comme c'était dans vos souvenirs » est une catégorie étrangement largement représentée en 2023. Entre Meg's Monster, Sea of Stars, Chained Echoes et autres Soulvars, la concurrence est extrêmement rude. Ainsi, il va désormais falloir compter un participant de plus, avec Alterium Shift, un jeu du micro-studio Drattzy Games, qui entame son accès anticipé. Mais si ces derniers revendiquent Chrono Trigger et FFVI en influences, on est hélas plus proche d'une version pas encore très aboutie d'une sorte de clone modérément rythmé de Seiken Densetsu 3.
Et un, et deux, et trois zéros
Je me méfie toujours un peu quand on me propose des « quêtes dynamiques », de la « narration à embranchements » et compagnie dans des JRPG en pixel art : j'ai toujours un peu peur que cela se traduise surtout par beaucoup de vide et de quêtes FedEx donnant une vague impression de liberté et une complète impression d'ennui. C'est pourtant l'argument principal mis en avant par Alterium Shift, qui vous propose de choisir entre trois personnages, avec chacun leurs propres scénarios, eux-mêmes écrits de manière (un peu) non linéaire. C'est TRÈS ambitieux pour un jeu écrit et développé par deux personnes. Et le résultat ne va pas forcément vous surprendre.
Techniquement, si on oublie la palanquée de bugs fréquents dans ce genre d'early access, ça passe. Le jeu est plutôt beau, avec un mélange 2D/3D qui évoque les tous débuts de la PS One, des personnages expressifs, une bande son qui tient la route et des combats rythmés. Les environnements, plutôt variés, s'agencent assez bien et laissent entrevoir un certain savoir-faire en matière de level design. Les ambitions se traduisent à l'écran : on n'est pas là face à une proposition très originale, mais le traitement de cette esthétique nostalgique est respectueux.
Certes, on a encore accès qu'à une petite fraction de l'aventure finale (quelques heures par personnages), mais Alterium Shift laisse déjà entrevoir des environnements et un bestiaire vraiment variés. Une production plutôt ambitieuse, donc, qui n'a pas à rougir face à ses modèles en matière de direction artistique. C'est surtout au niveau du rythme de l'aventure et de son écriture que le titre de Drattzy s'emmêle un peu les pinceaux.
Pour le moment, Alterium Shift a beaucoup de cases à cocher pour s'avérer fidèle à ses promesses (un monde semi-ouvert, des tas de quêtes, trois versions du scénario…). Et pour le moment, il se dépatouille de cette liste d'attendus avec une quantité de remplissage artificiel qui ne présage rien de bon. On vous envoie faire des courses, on vous promène dans des espaces vides, on vous fait livrer des trucs et des machins, faire de la pêche à la ligne… Tout est bon pour diluer chaque minute de jeu dans des dialogues et des énigmes futiles qui rendent les moments de bravoure vidéoludique extrêmement rares.
Toute la grammaire du JRPG est bien présente : combat au tour par tour, inventaire, villages à visiter, équipe de camarades en route pour sauver le monde (et même pour en sauver deux, dans le cas présent). Mais il manque pour le moment à Alterium Shift un vrai rythme, des retournements de situation dignes de ce nom et un minimum de tension narrative pour qu'on puisse entrer dans la danse. C'est joli, oui, mais on s'ennuie un peu.
Alterium Shift a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur. Le jeu est également disponible sur Nintendo Switch, PlayStation 4 et 5 et sur les consoles Xbox.
Il est sincèrement difficile de donner un avis définitif sur Alterium Shift pour le moment. En tant qu'accès anticipé, c'est une note d'intention prometteuse, tant il regorge de bonnes trouvailles et de bonnes intuitions. Mais si le rythme et l'écriture ne sont pas sérieusement améliorés dans les prochaines versions, le jeu aura beaucoup de mal à faire émerger une singularité quelconque face aux autres productions du même style.
zalifalcam
J'aime les jeux double A, les walking simulateurs prétentieux et les JRPG, et plutôt que de me soigner, j'écris à leur propos.
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