Je suis presque certaine de l’avoir déjà écrit, parce que c’est une constante depuis deux ans, ou presque, que j’écris pour The Pixel Post, mais Activision Blizzard et son CEO Bobby Kotick ont un talent inégalable pour s’inviter dans l’actualité pour les raisons les plus discutables. Tandis que le rachat par Microsoft ne cesse de trainer, Bobby Kotick a donné une interview à Variety lors de laquelle il a accusé les syndicats et des forces extérieures de salir l’image de l’entreprise, tout en niant un problème systémique de harcèlement et de culture d’entreprise toxique.
Lors de l’entretien avec Variety, Bobby Kotick ne présente aucune excuse. Il explique : « Nous avons effectué toutes les formes possibles d’enquêtes. Et nous n’avons pas eu de problème systémique de harcèlement, jamais. Rien de ce qui a été rapporté, de manière erronée, dans les médias, n’a eu lieu. Mais ce que nous avons eu, c’est un mouvement syndical très agressif qui s’est donné beaucoup de mal pour essayer de déstabiliser l’entreprise. » Il assure cependant ne pas être antisyndicaliste comme d’autres CEO, et assure qu’il trouve ça très bien que les employé·e·s se syndiquent. Étonnant, compte tenu des accusations de méthodes antisyndicalistes utilisées pour dissuader la formation de syndicats à la fois chez Raven Software et dans la filiale à Albany.
Outre donc le fait de nier ces accusations, il souligne aussi que si les accusations avaient été vraies, le conseil d’administration ne l’aurait pas laissé en place, ce qui, si on y pense, ne prouve pas grand-chose dans la mesure où la plupart des membres sont là depuis des années et peuvent donc avoir volontairement, ou pas, encouragé la culture toxique de l’entreprise et ne pas vraiment y voir le problème. D'autant qu'en juin de l'année dernière, les actionnaires ont refusé d'octroyer un siège à un·e représentant·e du personnel au conseil d’administration.
This week’s Variety cover:
— Variety (@Variety) May 31, 2023
Bobby Kotick Breaks His Silence: Embattled Activision CEO Addresses Toxic Workforce Claims as Microsoft Deal Hangs in Balance https://t.co/F0JwkbR0wF pic.twitter.com/UENBAO6Xhr
Il serait trop long de reprendre ici par le menu toutes les accusations portées contre Activision Blizzard ces dernières années. Pour celles et ceux que le sujet intéresse, une chronologie complète et sourcée (en anglais malheureusement) est disponible sur GameSpot. On retiendra néanmoins le procès intenté par la Securities and Exchange Commission (SEC) qui accusait Activision Blizzard de ne pas avoir de système adéquat pour recueillir et traiter les plaintes des employé·e·s relatives aux comportements répréhensibles sur le lieu de travail. Sans admettre sa culpabilité, Activision Blizzard a accepté, en février dernier, de payer 35 millions d’euros pour mettre un terme à l’affaire.
Même s'il n’y a pas admission directe de culpabilité dans ce cas, les déclarations de Kotick comme quoi le « taux de plaintes pour harcèlement et agressions est relativement bas pour une entreprise de cette taille » paraissent légèrement déplacées. Le rapport de transparence pour l’année 2022 fait état de 114 plaintes, dont une trentaine corroborée par les personnes en charge des dossiers. Le rapport note une augmentation des plaintes qu’il attribue à une meilleure prise en compte de ces problématiques, mais si on prend en compte les accusations de la SEC, il se pourrait qu’une grande partie des problèmes ne soient pas rapportés, faute de procédures adéquates. Le rapport souligne également une légère augmentation des plaintes anonymes, ce qui peut souligner une peur d'éventuelles représailles. Il est intéressant de noter que le résultat d’une enquête interne indique que les femmes et personnes non binaires ne représentaient au 30 novembre 2022 que 26 % du total des employé·e·s et que les personnes racisées représentaient, à cette même date, moins de 40 % du total des employé·e·s.
BatVador
Traductrice ascendante topiaire qui aime les city builders, les dystopies et les jeux avec des gens déprimés dedans.
Related News
Les bonnes nouvelles de la semaine : Wednesdays, Snufkin et la Jingle Jam
déc. 21, 2024
L'Agenda du Pixel du 9 décembre au 12 janvier
déc. 08, 2024
Les bonnes nouvelles de la semaine : Dreams on a Pillow, RNIB et des Game Awards alternatifs
déc. 07, 2024