En 2019, trois familles québécoises tentaient un recours collectif (a class-action lawsuit) contre Epic Games. En cause, le jeu Fortnite et plus spécifiquement le fait qu'il serait trop addictif. Il y a quelques jours, un juge a considéré le recours collectif recevable.
Fortnite est-il trop addictif ? Pour les parents de trois enfants canadiens, la réponse est sans le moindre doute un grand oui. Ils estiment que le battle royal d'Epic Games a causé des problèmes psychologiques et physiques à leurs enfants, auxquels s'ajoutent des conséquences financières. Un des enfants aurait ainsi passé près de 1000 heures sur le jeu là où un autre atteint les 7 781 heures en moins de deux ans. Pour que vous ayez l'échelle de ce second joueur : cela fait environ 324 jours sur près de 730, et j'ai donc des doutes sur ce chiffre, mais pourquoi pas.
Ce temps de jeu impacte forcément leur vie de tous les jours et, d'après les familles, ils en arrivent à ne plus manger, ne plus sociabiliser et ne plus se doucher. S'agissant de la question de l'argent, les enfants auraient dépensé plusieurs centaines de dollars, le plus souvent sans que les parents le sachent, afin d'acquérir des danses et des personnages.
Si le recours a finalement été jugé recevable, c'est parce que le juge "n'exclut pas la possibilité que le jeu soit en fait addictif et que son créateur et son distributeur soient présumés le savoir" et ainsi que "la demande n'apparaît pas frivole ou infondée". En précisant toutefois qu'il ne considère pas que la validité du recours collectif démontre que Fortnite soit délibérément un jeu addictif. Une nuance importante.
Il est commun d'être sur la défensive dès lors que l'on évoque addiction et jeux vidéo. Certain(e)s ont vécu pendant des décennies en supportant dans les médias l'imagerie du gamer obèse associable. Or désormais, ce traitement, même s'il perdure parfois, est globalement devenu marginal. Une évolution qui doit nous amener à éviter les levées de boucliers systématiques dès que sont pointés du doigt des risques liés à une pratique abusive du jeu vidéo. Déterminer le caractère addictif ou non d'un jeu vidéo reste toujours problématique, et encore plus ici lorsqu'on fait intervenir la responsabilité parentale dans l'équation. Mais une chose est sûre, les mécanismes de récompenses et de rétention des joueurs et joueuses sont connus et même de plus en plus documentés. En témoigne la pléthore de conférences ou de documentaires trouvables sur YouTube et qui parlent du sujet. Depuis 2019, l'Organisation mondiale de la Santé est allée jusqu'à reconnaître l'addiction aux jeux vidéo comme un trouble, même si les débats scientifiques sur la question continuent.
La défense d'Epic Games et de son armée d'avocats pourrait donc être ébranlée si les familles s'engagent sur ce terrain. Cela ne semble, pour le moment, pas inquiéter le studio qui a fait savoir, par le biais de sa porte-parole Nathalie Munoz, qu'il ne compte pas faire appel de la légalité du recours, possible pendant 30 jours, et souhaite au contraire passer par les tribunaux.
Veltar
Joueur de jeux vidéo qui aime la politique. Du coup j'écris surtout des trucs qui parlent des deux. Stratégie, Outer Wilds, Metal Gear Solid et indés en pixel art.
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