Me revoilà aux commandes de bolides après une longue période d’absence ; les circuits me manquaient depuis une histoire avec Sonic, l’odeur du bitume chaud était lointaine comme un circuit de Gran Turismo et le retour derrière un volant ne pouvait pas attendre beaucoup plus. Il m’a fallu trouver un endroit pour satisfaire ce besoin qui pressait de plus en plus. C’est pour cette raison que j’ai choisi d’aller vers les courses de GRID.
Longtemps éloigné des pistes, j’espérais un accueil feutré et confortable pour reprendre mes marques, ça n’est pas arrivé. L’entrée dans cet univers de moteurs et de dérapages est à l’image de ce que sera la suite, brutale. Brutale comme l’arrivée d’un nouveau-né dans ce monde violent et sale, brutale comme un coup de pelle prodigué par Bernie Noël avec élan, brutale comme un plat de gratin dauphinois en boîte William Saurin sans aucun moyen de le réchauffer, brutale… vous aurez compris l’idée, je pense. Directement lancé au volant d’une voiture sans avoir pris le temps d’effectuer le moindre choix, il me faut enchaîner trois courses aux résultats variés avant d’avoir la chance d’apercevoir le premier menu pour choisir ma voie dans cette compétition nommée GRID. Un menu sans fioriture, voire austère, qui servira de plan de carrière au nouvel arrivant que je suis.
George Foreman GRID
Très peu de choix dans ce nouvel environnement et une liste de courses possibles sans explication ou presque. Tout juste une indication sur les autres courses de ce GRID et les moyens de les débloquer, mais certains termes paraissent encore obscurs au pilote fraîchement débarqué dont le seul contact se résume à avoir été balancé sans ménagement dans ses premiers tours de piste. Choisir une catégorie, puis une voiture et me voilà à nouveau prêt à tenter de franchir la ligne d’arrivée à la première place, sans plus d’accompagnement entre les courses ni forme d’histoire à raconter, les organisateurs ont préféré focaliser mon attention sur la course. Dans des circuits variés mais peu nombreux, dont certains sont très familiers au pilote avec un peu d’expérience (Silverstone, Brands Hatch…) ou sur des tracés inconnus à la campagne ou en milieu urbain, il faut se faire une place pour gagner de quoi acheter de nouveaux véhicules et se qualifier pour d’autres compétitions toujours plus longues. La piste est là pour en découdre, elle est le théâtre de nouveaux affrontements avec des adversaires particulièrement agressifs qui ne laissent pas échapper une occasion de m’envoyer dans l’herbe, de m’encastrer dans un mur, de me pousser dans une flaque… Oui, ce monde est violent et le peloton sans pitié.
Le monde en-dehors de cette piste ne m’apportera aucun réconfort, les organisateurs sadiques de ces compétitions ont pris soin d’organiser la majorité des courses dans des conditions déplorables. Par les déluges les plus violents, que n’importe quel pays tropical ne voit qu’une fois tous les dix ans, ou à des horaires de coucher de soleil, pour être certains de réussir à m’aveugler pendant une bonne partie des tours. Il faut également que je me débrouille sans l’aide de la radio, la personne affectée à mon suivi étant une effroyable buse dans son rôle de conseil, m’incitant à gagner des places lorsque je ne suis pas premier et à garder cette place lorsque je l’atteins. Commentant également sans aucun talent la situation météorologique, n’hésitant pas à rappeler qu’une piste mouillée est glissante ou qu’il risque d’y avoir de l’humidité lorsque des torrents d’eau s’abattent sur mon pare-brise. Sa non-participation serait bien moins irritante que ses commentaires inutiles qui vont de l’évidence à la bêtise. Je plains également le public qui doit subir des commentateurs dignes des heures les plus sombres des jeux de foot des années 2000, qui balancent des banalités sur les lieux de courses ou les voitures utilisées, sans aucune forme de talent dans la manière de réciter des textes plutôt mal écrits.
MAIS TAISEZ-VOUS !
Au bout d’un certain temps d’adaptation, deux solutions pour une seule manière de mieux vivre sur l’asphalte : passer par les qualifications pour être en pôle position ou s’acharner pour se débarrasser de la meute de bourrins qui veut me détruire par tous les moyens. Faire la course en tête pour ne plus avoir de choc, ne plus être aspergé par les projections d’eau des autres voitures et mieux voir les courbes devant moi : c’est finalement bien cela qui me convient, affronter le chrono, seul contre des chiffres qui se bousculent. Pouvoir optimiser des trajectoires, à la recherche du dixième, du centième de seconde qui permettra de réduire toujours plus le temps au tour. C’est sans doute pour ça que j’ai toujours aimé les courses et c’est aussi pour ça que cet environnement GRID me déplaît : il n’est pas propice au combat face au chrono mais uniquement au combat contre le reste des éléments. L’agressivité qui ressort de son environnement me gâche le plaisir de la conduite et si l’adversité est parfois un moyen de se surpasser, la violence et l’injustice tendent à me faire sortir du cockpit pour aller mettre un coup de pelle au type à la radio ou aux commentateurs pour me passer les nerfs.
Cela fait longtemps que je parcours les kilomètres virtuels à bord de véhicules variés et parfois incongrus. J’ai débuté sur les routes ensoleillées d’Out Run et poursuivi sur divers jeux Sega des années 90, j’ai appris à chercher à battre les temps pour aller toujours plus loin dans un Virtua Racing, un Daytona USA ou un Sega Rally. Les tracés étaient lisibles et les adversaires faisaient partie du parcours sans chercher à exploser le joueur, permettant un apprentissage de la trajectoire sur laquelle ils n’étaient que des plots à éviter. L’environnement sonore minimaliste ne donnait pas envie d’égorger des chatons et permettait de rester concentré sur le cœur du jeu. Sont ensuite arrivées les compétitions plus complètes et pointues d’un Gran Turismo qui m’a enseigné l’art du réglage d’un grand nombre de pièces, ce qui me permet de discuter mécanique avec un garagiste en ayant l’air de m’y connaître sans jamais avoir fait une vidange de ma vie. La poursuite du temps parfait étant poussée loin par un concours qui offrait au vainqueur une Dodge Viper, monstre anti-écologique au possible, mais fantasme de tout pilote virtuel de l’époque. Le gain de temps n’était plus uniquement sur la piste mais aussi dans la préparation qui influençait les réactions des voitures une fois lancées. Ces centièmes et millièmes de secondes arrachés sur chaque secteur de chaque circuit étaient plus valorisants que la réussite d’un gros choc qui envoie l’adversaire dans le bac à sable. La victoire sur un chrono ne tient qu’à ses propres capacités et non à la chance d’un rebond heureux sur une porte avant droite de Ford Focus.
Le cul entre deux sièges baquets
On pourra me dire que je me suis trompé d’endroit et que les compétitions de GRID ne sont pas là pour faire du chrono, que d’autres pistes sont plus adaptées à mes envies. Mais la diversité des conduites n’a jamais été un problème pour moi lorsqu’un choix clair est effectué dès le départ. Les propositions de Forza Horizon et Forza Motorsport sont très éloignées mais c’est dans leur radicalité qu’elles trouvent leurs qualités : faire de l’aventure, de la baston et du fun ou de l’apprentissage de la courbe parfaite comme point central de l’expérience sont des choix sans concession qui proposent des visions pleinement assumées de ce que peut être une course automobile. Ici, le chrono est visé mais rien ne concourt à rendre cet objectif atteignable sans heurts, la baston est encouragée mais la punition est souvent la seule récompense lorsqu’on s’y essaye, les conditions de courses sont rendues désagréables pour ajouter un piment qui n’est pas utile lorsqu’on voit le type de pilotage nécessaire à une victoire. Si on ajoute à ça le bruit et l’horreur des menus d’une rare austérité, on comprendra pourquoi je préfère laisser mon volant à d’autres personnes et ne plus m’asseoir dans un siège baquet pour un bon moment.
GRID a été testé sur PS4 via une copie fournie par l’éditeur
Chers organisateurs, par votre agressivité et votre volonté de rendre inhospitalier un milieu qui me plaisait depuis tant d’années, vous me poussez à me retirer des courses de voitures et je reviendrais lorsqu’une direction plus bienveillante pourra être envisagée pour des courses apaisées et un environnement plus serein. A l’avenir, j’éviterais peut-être les compétitions GRID, de peur de me faire à nouveau agresser.
JoK
J'aime les chiffres, tous les chiffres, et aussi les jeux vidéo mais pas tous
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